La grotte de Gargas a toujours été surnommée « le sanctuaire des mains ». Avec plus de 200 représentations de mains, c’est la seule grotte en Europe où l’on peut en observer autant.
Leur nombre exact est difficile à établir car la lisibilité dépend des conditions hygrométrique de la grotte. C’est pourquoi le décompte des mains varie en fonction des inventaires : 160 pour E. Cartailhac-H. Breuil, 217 pour A. Salhy, 159 pour A. Leroi-Gourhan, 231 pour C. Barrière, 212 pour M. Groenen.
Leur répartition le long des 200 mètres de la galerie n’est pas le fruit du hasard. On recense environ 160 exemplaires dans la « salle 1 » toute proche de l’ancien porche d’entrée (soit les deux tiers) et il faut cheminer plus profondément dans la galerie, pour retrouver une concentration significative de 43 mains dans le « sanctuaire des mains ». Les restantes sont disséminées dans plusieurs points topographiques remarquables comme la main dite « à la voûte » située à 3 mètres de hauteur sur un plafond difficilement accessible.
La totalité de ces représentations de mains sont faites « en négatif » (technique du pochoir) en appliquant la main contre la paroi et en cernant son contour de colorant. La peinture étant appliquée sous forme liquide généralement par soufflage ou encore à l’aide un pinceau ou un tampon.
Les mains sur fond noir sont majoritaires (112), les pigments identifiés proviennent principalement d’oxydes de manganèse mais aussi de charbons de bois finement broyés.
Les mains rouges (78) sont faites à l’aide d’oxydes de fer (principalement hématite et goethite).
Il existe aussi quelques mains blanches (mélange talc et chlorite) et une main jaune (goethite).
Ce sont des mains droites et gauches, autant féminines que masculines et correspondraient à des individus de tout âges, du nourrisson à l’adulte.
La particularité de ces mains est l’absence quasi systématique de certaines phalanges. Sur 110 exemplaires assez lisibles pour être étudiés avec précision, seules 17 sont intactes et une vingtaine de combinaisons sont recensées sur le reste de l’effectif.
Depuis leur découverte, cette originalité a donné lieu à de nombreuses interprétations. Mutilations rituelles ? Mutilations pathologiques ? Doigts repliés ?
Nous sommes là dans le domaine du monde spirituel, il sera difficile de donner un sens à ces gestes mais certaines réponses seront sans doute fournies dans le futur par l’étude de la grotte ou d’autres gisement.
